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30.11.07


L'unité nationale facteur de dévéloppement


la veille de la commémoration du 47 eme anniversaire de l'indépendance nationale , l'ong fpsl a organisé le mardi dernier à l'ancienne maison des jeunes de nouadhibou une conférence sur l'unité nationale .
Animée par Ibrahima Falilou et Abdoul Aziz Ba , cette conférence qui a pour théme " unité nationale, facteur de dévéloppement " a regroupé plusieurs individus .
Les conférenciers ont abordé trois thémes fondamentaux de la problématique de l'unité nationale : la coabitation sociale , l'héritage politique , la démocratie .

Pour le premier théme M falilou a souligné que
La Mauritanie est un pays multiculturel et multiethnique .Des populations culturellement différentes mais sociologiquement identiques partagent le territoire national.
Cette volonté de vivre ensemble en harmonie a existé au cours de l’histoire récente du pays à travers les relations et alliances nouées par les Almamy du fouta avec certaines grandes tribus maures ;
Ainsi l’on parle de la très forte relation entre les Wulaad Ahmed et les Halaybé à travers d’ailleurs la famille Sakho dont l’un des éminents descendants Mamadou lamine sakho a pour mère Assamawu m / umar ;
Le cas de Njajan Njaay ( fondateur du royaume de Jolof) est assez illustratif de cette fusion entre les différentes cultures .Celui-ci serait, selon l’historien Vincent Monteil de pére Almoravide donc maure et de mère peulh du nom de Fatimata sal ;
Ibra Almamy wane était marié à Gaysiri Damel la sœur de Latjor .
Les soninké entretenaient des relations assez poussées avec les Deniyankoobé et kanko Buubu Muusa est né de cette union interethnique.

Bref pourquoi subitement se sont dressés entre les communautés des murs de méfiance et de haine ?
A cela nous avons quelques éléments de réponse : Quand des groupes sociaux divers partagent un meme territoire et pour que ces groupes puissent vivre ensemble en harmonie, il faut qu’ils aient une identité commune c’est à dire le sentiment d’appartenir à un même pays, de vivre la même histoire et de partager le même destin ;
Ces trois préalables conditionnent l’émergence d’une Nation .
Or pendant longtemps, les systèmes politiques issus des indépendances ont été marqués par une exacerbation des nationalismes et une appropriation d’idéologies étrangères ;
Si ces idéologies ont eu comme point positif de raffermir le sentiment d’appartenance à un univers culturel et linguistique déterminé (Panarabisme ),elles ont comme point négatif d’avoir entraîné une fracture entre les composantes du pays .
Appartenir à un camp et s’en réclamer c’est à priori exclure tous ceux qui sont diffèrents ;
Chaque camp se barricade dans une forme de communautarisme ; la méfiance s’installe .
Nous avons pendant cette période tous été égyptiens,Irakiens, Français et sénégalais ;
Il n’y avait pas de mauritanien .Il y avait plutôt des gens qui se battaient pour des causes étrangères et qui représentaient des intérêts étrangers en Mauritanie.

Abordant le deuxiéme théme , les conférenciers ont jugé que cette fracture sociale est renforcée par :
- le système éducatif : l’école reproduit les mêmes tares sociales et met en place une bipolarité des filières : filière Arabe (maures) et une filière bilingue (négro-africains )
Les enfants vivent dans deux univers différents ,sans aucune interaction.
- Le régime politique issu du coup d’état de 1984 qui sous Taya verra le niveau de suspicion et de méfiance poussée à son paroxysme .
Des tentatives de coup d’état fomentés par des officiers négro-africains vont être le prétexte d’une purge sans précèdent dans l’armée et les forces de sécurité nationale .
Les événements de 89 attisés par des extrémistes de part et d’autre vont scellés définitivement la cassure sociale : Une situation d’exception s’en suit . Des hommes et des femmes sont rapatriés du Sénégal ayant échappé à la mort orchestrée par des groupuscules extrémistes .
Des hommes et des femmes sont déportés vers le sénégal et le Mali par un pouvoir politique qui attise la haine raciale pour masquer ses insuffisances et justifier son désir de s’incruster dans le champ du pouvoir .
Le peuple fait les frais d’hommes politiques qui surfent sur la haine raciale pour assouvir des ambitions personnelles et qui donc abusent du nationalisme et du sectarisme comme seul mode de gestion politique.
Le pays est au bord de l’implosion
Le peuple s’est laissé embobiner par des groupuscules en raison justement de l’absence de culture politique .
Les intellectuels ont laissé libre champs a des individus bornés parler au peuple et même parler pour le peuple .Nous avons été complices en se taisant et en laissant faire !

En parlant de la démocratie , les exposants ont souligné que dans tout système social marqué par une diversité ethnique et /ou linguistique, la démocratie constitue le principal facteur d’unification.
Cette démocratie doit être fondée sur deux axes essentiels : la liberté et la justice sociale
La liberté doit être aménagée, circonscrite afin qu’elle n’entrave pas la cohésion sociale .
Chaque homme doit pouvoir jouir d’une parcelle de liberté suffisante pour lui éviter d’empiéter sur les libertés des autres . De ce point de vue la loi doit rester le seul cadre d’aménagement des libertés individuelles et collectives .On ne saurait accepter que certains piétinent la loi et que d’autres subissent la loi .
La justice sociale constitue l’autre pilier de la démocratie car dans le pays tout le monde doit avoir le sentiment d’appartenir à un ensemble régis par des lois ,les mêmes lois et donc soumis aux mêmes obligations .
Le sentiment de justice crée et renforce l’attachement au pays et à ses institutions .L’on peut se sacrifier pour des institutions qui nous protégent .L’on reprend confiance en soi même , en l’état et en nos concitoyens.

Tel semble être le pari de l’actuel régime pour qui , la priorité est à la réparation des graves manquements au droit hérités des systèmes précédents .ainsi que les violations des droits humains.
Ce que nous vivons aujourd’hui est l’aboutissement d’une longue lutte ou des démocrates de tout bord , de toutes les couches et de toutes les races ont qui, donner leur vie , qui sacrifier leur avenir pour jouir de l’air de liberté et de concorde qui caractérise notre champ politique actuel ;
Le meilleur cadeau et la plus grande reconnaissance que nous puissions faire pour ces chevaliers de la démocratie c’est de travailler pour le renforcement et la consolidation de notre démocratie ;
C’est là une invite au pardon et à la tolérance mais surtout à la reconnaissance des martyrs de la république. "

Aujourd’hui notre optimisme est fondé sur les raisons suivantes :
l’environnement politique :
A partir du 03 Août mais surtout à partir du 11 Mars, une nouvelle dynamique est en train de prendre forme ;une démocratie se met progressivement en place .Des libertés sont octroyées. Des choix sont faits . Des orientations de sortie de crise se dessinent .
Un débat démocratique s’installe et tous les sujets sont abordés avec pour certains des amorces de solutions( loi criminalisant l’esclavage,le retour des déportes avec les journées de concertation
La culture politique commence à se diffuser dans les masses à travers les médias(FM- TV- ONG )
Les gens font l’apprentissage de la liberté d’expression .Un effort de dépassement fait son chemin pour se libérer des préjuges racistes .
Ceux-ci sont des poisons .Ils minent celui qui les a mais aussi l’environnement dans lequel il vit par une diffusion de contrevérités , source de conflit et de haine .
Ces préjugés ont leur nid dans l’ignorance mais aussi dans un sentiment exacerbé de fierté déplacée : Il n’y a que Moi et tout ce qui n’est pas moi n’est RIEN !
NON ! Il y a toi et il y a les autres ;Il y a ce que tu es Il y a ce qu’ils sont !
Tu n’es pas le centre du monde et on est pas obligé d’être ,de penser, de faire comme toi !
L’acceptation de la différence est la première étape vers une culture de tolérance loin des replis identitaires et communautaristes.
Les exemples ne manquent pas : le Rwanda , la cote d’ivoire ;
IL faut donc mettre en relief ce que nous avons en commun plutôt que nos différences ;
Ce qui nous différencie est visible on a pas besoin de le dire ; ce qui mérite d’être dit c’est ce qui n’est pas visible ; ce qui nous unit à l’autre ;
Des passerelles doivent donc être jetées entre les composantes du pays ( Co- animation d’émissions , journées culturelles etc)

Seulement ces actions doivent s’inscrire dans un cadre démocratique ou le droit sera le seul arbitre dans les interactions sociales .

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