Sur le fond ça a tout l’air d’un vestige du « bon » vieux temps. Le temps des excursions présidentielles. La république qui s’exporte à Atar pour « voir » le président « parler » au peuple. Du « déjà vu. » Tout ce que le pays a de « cadres » accompagne le président dans son périlleux exercice de communication. Obligation de …présence !pour le résultat ça attendra !
Il faut dire que l’heure est grave, l’enjeu de taille. le président a plus que jamais besoin de compagnie .Lui qui est soumis depuis quelques temps aux feux nourris de l’opposition démocratique qui à travers sa charte d’honneur signée le samedi dernier fait de son départ un objectif non négociable.
D’emblée le président fait pourtant bonne figure. En costume noir, bien callé dans son fauteuil l’homme transpire un peu Il faut dire qu’en ce bled, à cette période, il y a de quoi mouiller une chemise !L’home parait pourtant serein,calme .Il ne semble pas outre mesure perturbé par la charte du COD .Il commence l’exposé de son bilan par un alignement fastidieux de chiffres et de graphiques qui selon ses dires sont certifiés par des institutions crédibles et « connus de tous ». Il maniait les chiffres à travers un ordinateur qu’il avait à portée de main et qui, aléas de la technique, lui causa au départ quelques autres sueurs froides. Le président termina son exposé introductif par ces secteurs qui semblent nous valoir de vrais satisfecit : l’énergie, la pêche au travers du précieux accord que le pays vient de signer avec l’Union européenne. Il en jubile encore !
Des applaudissements ponctuent de temps en temps l’exposé du président perturbé un moment par la voix discordante d’un monsieur qui visiblement cherchait à porter la contradiction .l’assistance pour l’essentiel acquise au président s’agita un moment et ajouta à la confusion et au désordre du début .L’émission en tout point de vue était mal préparée .Le son ,l’éclairage étaient de mauvaise qualité,du moins dans la chaîne exotique(TV Plus) réservée à « l’autre » Mauritanie .Il n’y a pas de traduction simultanée dans la chaîne première !Il faut faire authentique !Drôle de façon de couvrir un événement national !
Malgré tout, les questions se succèdent et pour l’essentiel prennent des relents « particuliers » :Matalahjar, le bureau des retraités de l’armée en Adrar, les oasis,etc. Celles qui ont un caractère « national » concerneront le malaise social qui contraste selon Dia du rénovateur d’avec les indicateurs verts qui viennent d’être énumérés .Le président contestera cette lecture et dira que la flambée des prix n’est pas seulement une affaire mauritanienne mais qu’elle touche l’ensemble des pays du monde. C’est vrai non ?
La crise politique et la charte d’honneur de la Coordination de l’opposition démocratique sera posée par O/Omeir et permettra au président d’ironiser en rappelant que la meilleure façon d’accéder au pouvoir, c’est « par la voie démocratique » ! Clair non ?
Mais c’est la représentante de El jezzira qui enfoncera le clou à travers une intervention « musclée » qui aura sur l’assistance l’effet d’une douche froide. Certains s’estimèrent même,au vu du brouhaha qui s’élevait de la foule, en droit de manifester leur désapprobation face à cette prise de parole « frontale » qui rappelait au président que « la situation du pays à l’heure actuelle est en tout point de vue identique à celle qui a précédé le coup d’état contre Sidi 0/cheikh Abdellahi ! » Quoi ? Qu’insinue –t-on ?
Visiblement irrité, le président fustigea cette comparaison en la mettant sur le compte d’une analyse erronée produite par une certaine opposition aigrie.
Un »spécialiste » « souffrant de cancer » a dans un appel de Washington peigné de fort belle manière le tableau de la santé .Les scanners et autre appareils médicaux sont passées en revue et présentés comme des fleurons de notre système de santé. Et ce grâce à la vision du président !
L’enrôlement, le passif humanitaire la carte de séjour, les questions sécuritaires ; les PNP (personnels non permanents) ,le bétail qui s’égare.. Eh oui !c’est une préoccupation nationale, les prisonniers de Guantamo tout y passa dans un désordre parfait où les questions et les réponses sont à peine audibles et sont présentés sans thématique aucune.
.Le président parlait simple et paraissait naturel et franc .plus perturbé par l’assistance censée au départ lui apporter le soutien dont il avait besoin
Elle perturba effectivement le débat en dépit des rappels à l’ordre appuyés du président et finit par compromettre la qualité d’écoute déjà largement entamée par les bruits de chaises et les invectives de ceux qui font office « d’animateurs d’un soir »
Le jeune et brillant Sidi , journaliste de la nouvelle radio Nouakchott –info obligera le président plusieurs fois de se racler la gorge en raison des questions pointues et sensibles ayant trait à l’affaire Senoussi, au probable boycott des élections par l’opposition,et à la guerre menée contre Aqmi
Boidiel O / Houmeid pris tout le monde de cours en demandant la parole ! Que vient- il faire ici ? Il y a opposition et opposition ! Quelques commodités d’usage et il retrouve sa posture virulente et son franc parler habituel. Il fustigera les visites des ministres à l’intérieur du pays qui ont tout l’air d’être des campagnes politiques avant l’heure et qui bafouent les recommandations des accords issus du dialogue national. Il nuancera par ailleurs les chiffres du taux de croissance du pays avancés par le président car dira t-il ces taux ne sont que ceux des secteurs clés comme les mines et la pêche et qui ne sont pas pourvoyeurs de forte main d’œuvre .et donc n’ont pas d’incidence sociale immédiate.
Une mini révolution menée par un groupe de jeunes donne du fil à retordre au service d’ordre au moment où O/ Omeir de la Tribune se rappelait aux bons souvenirs de son ami Feu Habib O/ Mahfoudh dont le nom mérite selon lui d’être apposé à une rue ou avenue pour service rendu à la nation.
Après lui,Dia visiblement au meilleur de sa forme volera au secours des maires des communes rurales qui sont toujours protocolairement mis en mal dans les visites présidentielles au bénéfice des officiers de l’armée et de la gendarmerie qui sont toujours aux premières loges .Il exposera dans la même foulée la détention quasi arbitraire de Birame en plaidant une grâce présidentielle pour le leader d’IRA .Sur ces questions le président visiblement gêné par cette « allusion militaire » balbutiera un quasi inaudible mea culpa non sans rappeler à Birame que dans la vie « il faut toujours garder l’espoir ! »
Le lighaa chaab se termina comme il avait commencé : en queue de poisson dont le point d’orgue a été le geste du président pour décrocher ses micros. C’était fini et tout le monde l’appris à ses dépens !
Le sourd –muet qui devait prendre la parole eut du mal à se faire entendre… et pour cause !
Pour un show s’en était vraiment UN ! C’est à se demander si une conférence de presse n’aurait suffit !
Ibrahima falilou(LEYDAM-INFO)
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