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12.3.09

Khadafi: médiateur ou Directeur de campagne ?

Tout commença, hier après midi, au Palais des Congrès, lorsque Kadhafi a pris la parole pour dire, en guise d’excuses tardives que sa dernière sortie sur la démocratie en Mauritanie avait été mal comprise. Il voulait dire que l'Occident a voulu imposer son système pluraliste en Afrique et dans le Monde arabe mais cette greffe la n'a jamais pris. Le fait que l'Occident conditionne son aide au développement par l'appropriation de son système de gouvernement constitue, pour Kadhafi,
une forme de terrorisme, aucunement vecteur du développement des pays pauvres.

S'ensuit une charge virulente contre le modèle politique de l’Occident responsable, selon Kadhafi, de la pauvreté, aussi bien dans les pays du Nord que ceux en voie de développement. D'après le Guide, il existe une démocratie pour les riches et une autre pour les pauvres.

Kadhafi, en verve, provoquera l'hilarité générale, sur fond de ricanement raciste, en évoquant "ce pays africain qui a organisé des élections et dont les votants sont venus du fin fond de la foret pour voter" ; cependant, il se garda de nommer ce pays.

Pour Kadhafi, la démocratie est responsable de la plupart des malheurs des pays du tiers monde comme le Kenya. "J'ai parlé du peuple mauritanien - dans mon esprit, exactement comme le peuple libyen, hospitalier, arabe et bédouin - dans le bon sens du terme mais mes propos ont été dénaturés et j'ai été injustement attaqué par des journalistes, Dieu leur pardonne" dira-t-il.


Démocratie / putsch : Deux faces d'une même monnaie

"Les coups d'état et les guerres civiles se succèdent en Afrique, Continent dans lequel 45 chef d'état, en exercie, sont arrivée au pouvoir par la force. Cette situation consacre l'échec de la démocratie sur le Continent. Les élections ne garantissent pas la stabilité, au même titre que les putschs" a-t-dit.

Et quand Kadhafi abordera le chapitre de la coopération bilatérale avec la Mauritanie, c'est devant une salle conquise et littéralement pliée de rire qu'il déclare : "Je suis venu voir Mokhtar Ould Daddah, Rahimehou Allah ; ensemble nous avons défini une stratégie de coopération mais notre frère - il fait un signe en direction de Moustapha Ould Mohamed Saleck, auteur du putsch du 10 juillet 1978 – l’a fait tomber. Avant même qu'on entame quoi que ce soit, frère Ould Haïdallah - là, il improvise une variation de calembour facile avec les mots frère/Khouna, devant une salle hilare - prend le pouvoir ; alors, je lui rends visite et on met en place un certain nombre de projets".

Réprimant son propre rire, il enchaine : "Là encore, notre autre frère - et il esquisse un vague signe, allusion à Ould Taya sans le désigner- coupe notre élan jusqu'à ce que notre frère, ici présent - il fait un mouvement du bras en direction d'Ely Ould Mohamed Vall - lui prend le pouvoir pour le céder à notre dernier frère, allusion tacite à Ould Cheikh Abdellahi ; et ce dernier dira ça y est, désormais il n'y aura plus de coup d'état en Mauritanie".

"Je me suis dit alors, continue Kadhafi, c'est parfait, Alhamdou Lillah, la Mauritanie devient comme la Grande-Bretagne - en arabe, la prononciation des nomes des deux pays est presque homonymique et l'accent moyen-oriental accentue la similitude. La remarque ravive le fou rire de l’assistance ; et le Guide poursuit "à peine ai-je fini de remercier Dieu pour la Mauritanie que celui-là est encore tombé, lui aussi, par un putsch"!

Hommage du Guide à l'Armée

Kadhafi accompagne un moment la salle dans le rire puis se ressaisi et demande le silence, avant de continuer, grave cette fois-ci : "L'institution militaire mauritanienne est, comme celle de la Turquie, de l'Égypte et du Soudan ; elle a un rôle important et reste indissociable du pouvoir ; c'est elle qui fait et défait les gouvernements et on ne peut pas l'écarter d'un claquement des doigts. Sauf que, dans le monde d'aujourd'hui, les coups d'états ne passent plus avec la simplicité d'antan".

"La Mauritanie, sa situation politique, économique et sociale très fragile, ne peut supporter l'escalade. Tous, vous devez avoir à cœur son intérêt suprême et éviter de voir votre pays sombrer", a-t-il poursuivi.

"S'il faut juger des gens pour les coups d'État, il ne faut pas seulement s'en prendre à Ould Haïdallah ou Ould Abdel Aziz ou un autre, il faut également le faire pour tous les responsables de coups d'État durant toute la période depuis le putsch contre Moktar Ould Daddah jusqu'à ce jour, et ce sera une perte de temps et d'énergie pour le pays ; êtes-vous prêts à un sacrifice aussi inutile ?" Lance-t-il à l’auditoire.

Il laisse monter d’épars "non, non" qui fusent des quatre coins de la salle, avant de rétablir le calme d’un geste théâtral de la main : "Ce qui est fini est fini, toutes les forces politiques du pays doivent s'unir et regarder devant, avec notre frère Ould Abdel Aziz, vers la Mauritanie nouvelle qui naîtra après le 6 juin". déclare-t-il, sous le regard comblé du Général qui n'en espérait sans doute pas tant.

Messaoud, l'Homme qui se lève et soulève l'admiration

La déclaration provoque trois réactions simultanées : Les applaudissements et les hourra victorieux fusent de le salle, en majorité acquise à la junte. Ensuite Messaoud Ould Boulkheïr se lève et quitte les lieux, imité par l'ensemble de la délégation du front anti-putsch qui proteste ainsi contre "une partialité flagrante, inadmissible, de la part d'un médiateur censé rester à équidistance de l’évènement et protagonistes".

Ensuite le Guide lui-même réagit : Le mouvement brusque du Président de l'Assemblée nationale n’ayant échappé à son champ de vision, il ne pouvait pas l'ignorer ; il se lève alors, lui aussi brusquement et crie, à l'intention de la salle, bras levés : "Est ce que cette solution convient à la Mauritanie?" et l’assistance lui répond, en écho : Oui, oui, oui !

Alors il lève un bras victorieux et quitte la salle, suivi par un Ould Abdel Aziz incapable de réprimer son premier sourire de triomphe depuis le putsch du 6 août dernier.

Sans doute, à ce moment là, pensera-t-il à ce magnifique slogan de campagne, "regarder devant, avec notre frère Ould Abdel Aziz" lancé par un Kadhafi vibrant d'émotion. Il se dira, alors, que Kadhafi ferait un excellent directeur de campagne pour cette présidentielle 2009, décidément, inaugurée, avant l’heure, sous les meilleurs auspices.

Et le Rassemblement des Forces Démocratiques dans tout cela ? Caricatural de la neutralité, à la manière d’un Canton des Alpes suisses coupé du monde sous un manteau de neige, l'un des cadres de ce parti déclarera, au sortir de la cérémonie : "Nous n'avons pas applaudis Kadhafi mais pas suivi Messaoud.


Ps: Que vous inspire la médiation de Khadafi ?
Comment vous jugez ses propos ?

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