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1.7.08

Professeurs en gréve : salaires confisqués pour avoir réclamé leurs droits

Net à payer 6.000, retenue Trésor 60.000. Les bulletins de salaire de la plupart des professeurs du secondaire ont pris en cette fin de mois de juin les couleurs du bras de fer qui les oppose à leur ministère de tutelle. Une crise qui sévit dans un secteur mal en point où s’affrontent deux logiques, deux interprétations d’une même réalité avec des relents de guerre de tranchée.

D’un côté ceux qui ont eu tort de dire qu’ils sont mal payés et qu’ils travaillent dans des conditions on ne peut plus indignes; et de l’autre ceux qui ne supportent pas d’être contredit sur un terrain qu’ils considèrent être le leur, régis par des « vérités » dont ils sont les seuls dépositaires.

C’est une lutte à mort entre ceux qui voulaient juste une promesse, un engagement, un signe d’apaisement et ceux qui, en tout temps et en tout lieu ont décidé d’avoir raison sur tout et sur tous.

La contradiction étant, en ces temps et dans ce bled suspecte, aller à l’encontre de la vérité officielle quand on est pas député ou général est tout simplement suicidaire.

Les professeurs ont fait les frais de cette cruelle réalité. Salaires coupés, indemnités confisquées conformément à une loi qui a des allures de « volonté du chef ».

Des chefs qui se devaient d’avoir raison fût-ce - comme c’est souvent le cas - au prix de plusieurs entorses à l’acte pédagogique. Avoir raison sur des compositions bâclées et « améliorées » au goût des saveurs perfides de parents d'élèves dont l’unique souci est d’avoir deux bulletins : un de salaire pour eux-mêmes et un de notes pour leur enfant. Peu importe le contenu pourvu qu’ils soient satisfaisants.

Et ils l’ont été ces bulletins améliorés à la grande satisfaction de tout le monde. Une moyenne qui ne tient qu’en une note et qui fait office de moyenne générale, une surveillance laxiste qui fait le bonheur des enfants, des compositions assurées, des parents d’élèves satisfaits d’avoir eu les deux bulletins, un ministère tout heureux d’avoir fait passer la pilule et un gouvernement tout reconnaissant pour un ministre qui aura su garder la citadelle de la trésorerie largement malmenée par le Programme spécial d’intervention qui fait le bonheur de quelques uns…de quelques as !

Des « gros bonnets de la République » incapables de répondre aux attentes d’un peuple miséreux qui ne leur tient même plus rigueur de ne pas s’occuper de lui. La débrouillardise et la légèreté, le laxisme et l’insouciance tiennent lieu ici de principale approche …de la compétence inspirée de l’APC national !

Aujourd’hui, on se frotte les mains, se congratule et on lorgne du côte du trésor car l’enjeu est là. Ce pactole de salaires coupés et de retenues sur les indemnités atterrira dans les poches de ceux qui n’ont jamais cherché à entreprendre la moindre démarche pour résorber cette crise qui n’a duré que faute de médiation sérieuse.

Nos politiques, pourtant si enclins à se mêler de tout n’ont pas cette fois levé le petit doigt. Pas un geste ou presque. Eux qui pourtant recèlent de « manœuvres » capables de déjouer les crises les plus tenues ont brillé par leur absence, leur silence et indifférence coupables.Une chose est sûre, l’école, la nôtre, ça ne rapporte pas beaucoup ! D’ailleurs ça n’a jamais intéressé personne, pourquoi cette fois déroger à la règle, déroger à la normalité, à notre normalité ?ET quand celle-ci ci a des relents de sous, autant attendre la moisson… fût-elle maigre ! car des salaires de profs, c’est pas grand-chose même si, par les temps qui courent rien ne se perd, tout se transforme et s’acquiert au prix fort … celle d’une déstabilisation de l’État, et d’une remise en cause des acquis démocratiques.Pour l’avoir ignoré, les profs se sont exposés au danger.

C’était là leur erreur ; celle d’avoir cru en la loi qui protége, d’avoir pensé que dans une République l’action d’un gouvernement ne devrait pas se limiter seulement à vouloir avoir raison.Qu’un gouvernement est fait pour améliorer les conditions de vie de ses populations et non pas à prouver qu’il est plus fort que tous, plus fort que les faibles dont il est incapable de changer le moindre iota de leur misérable existence.Seulement, on ne peut pas toujours avoir raison ! Le peuple comme les profs survivront ! Comme ils l’ont fait par le passé ; comme ils le font chaque jour !Nous avons survécu aux fins de mois difficiles, nous survivrons aux mois sans solde avec la détermination de ceux qui ont décidé de ne plus se laisser traîner dans la boue.

Nous survivrons à cette logique de surenchère, et au système qui l’entretient avec la conviction de ceux qui sont persuadés que demain sera forcément un autre jour !

Ibrahima FalilouProfesseur

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