« Ces terres dont on exige aujourd’hui une justification administrative, faute de quoi elles nous seront arrachées, sont vieilles de plus de 300 années et avaient été obtenues au prix amer du sang et de la sueur».
C’était lundi dernier, lors d’un point de presse organisé par le FONADH pour entretenir la presse nationale et internationale de la situation des terres agricoles que l’Etat est entrain d’attribuer.

M. N’Diaye Saïdou Yéro, secrétaire général de la coordination départementale de Bababé du comité de suivi du foncier dans cette moughataa, devait prendre la parole à l’issue de la lecture de la déclaration du Comité de la sécurité alimentaire (ACORD, AMAD, FONADH) sur le problème foncier, lu par Sarr Mamadou président du Fonadh.
Après avoir fait la géographie du département de Bababé, M. N’Diaye dit que « l’affiche dont il est question est présentement encore accroché dans les locaux de la moughataa de Bababé et concerne un terrain qui va de Sénoboussobé à Dioudé walo-Dioudé Diéri, limité au Sud par le fleuve Sénégal, au Nord par le goudron du tronçon Boghé-Kaédi. C’est environ une longueur de 10 à 11 km de long, sur 4 km de large bien que cela n’a pas été déterminé sur l’affiche ».
Suite à ce problème, poursuit-il, « les populations se sont mobilisées lorsqu’on a pris connaissance de la publicité affichée à la moughataa. Elles se sont organisées en commission communale d’abord puis en commission départementale pour faire prévaloir leurs droits.
Toute la population de la moughataa s’est fortement mobilisée pour manifester et marquer ainsi leur opposition à toute forme de dépossession non concertée de leur unique source de survie, la terre. Que deviendrait cette frange de la population si toutes les terres cultivables et tous les espaces pastoraux –aire de développement de leurs cheptels- leurs sont arrachés et donnés à d’autres " ?
Pour M. N’Diaye, « la garde et l’exploitation des terres léguées par les anciens grands parents est la seule justification qui fait qu’on ait choisi de s’attacher à certaines localités broussardes loin de tout confort et de toute civilisation. Ces terres dont on exige aujourd’hui une justification administrative, faute de quoi elles nous seront arrachées, sont vieilles de plus de 300 années et avaient été obtenues au prix amer du sang et de la sueur.
Aujourd’hui c’est toute la population de la moughataa de Bababé qui est mobilisé pour ce problème, sans considération politique, ni raciale. Nous aimons notre pays, la Mauritanie et nous l’aimons mieux que quiconque et nous sommes de ce pays et le resterons à jamais quoi qu’on dise et qu’on fasse. Nous aimons la Mauritanie et nous la chérissons sincèrement.
Nous sommes opposés à tout ce qui touche à sa stabilité. Comme tout citoyen consciencieux et prévoyant, nous sommes convaincus qu’il n’y aura jamais de développement sans stabilité et celle-ci réside dans l’information, la concertation et le respect de l’autre, de ses valeurs et de ses propriétés.
Nous demandons à ce que tout ce qui se décide pour nous, que nous en soyons d’abord correctement informés, que nous soyons impliqués à tous les niveaux sans intermédiaires autres que ceux qu’on aura nous-mêmes choisis. Nous sommes pas contre des initiatives sensées mettre en valeur l’unique source de revenus sur laquelle nous comptons dans ce monde mais nous nous opposons à ce que cela soit fait sans nous.
Nous avons besoin d’être mis en confiance et en confidence, nous exigeons d’être informés, appelés à la concertation, c’est le droit élémentaire de tout autochtone, même s’il n’est pas propriétaire… Si les raisons des prises de ces décisions sont dictées par l’intérêt national, est-ce à dire que nous, notre sécurité, notre survie ne relèvent pas de l’intérêt national ?
Dans ce problème, toutes les lois sont claires et formelles sur le droit à une vie décente du citoyen, sur son droit à la propriété. Pourquoi aujourd’hui, veut-on nous priver de tout à la fois, le Diéri, le Walo et l’élevage ? A-on une fois pensé à notre devenir sans ces supports vitaux ?
L’affiche de Bababé englobe tout absolument tout de notre Walo, privant ainsi les localités de plus de 25.000 personnes de toute source de subsistance. La portion visée englobe aussi bien les terres mortes que celle présentement et habituellement mise en valeur. Nous demandons qu’une enquête soit diligentée pour des soucis de confirmation.
Personne ne peut prétendre aimer la Mauritanie mieux que nous et nous sommes convaincus que seul le respect des uns et des autres, seul le respect de leurs droits, constitue le meilleur moyen d’assurer la stabilité durable de ce pays. Nous lançons ce cri sans aucune considération politique ni raciale, c’est le cri pour la survie » a t-il conclu son intervention face aux journalistes.
En attendant d’y revenir dans notre édition prochaine, rendre compte de la déclaration, des autres interventions, rappelons que ce problème foncier comme le rapporte la déclaration du CSSA est devenu un sujet de préoccupation des populations rurales des wilayas du Trarza, du Brakna, du Gorgol et du Guidimakha.
A juste titre d’ailleurs, car au Trarza, c’est 15.000 ha de terre qui font jaser pour l’instant, dans le département de Boghé, 40.000 ha de terres, le département de Bababé 40.000 ha, département de Kaédi, 25.000 ha.
Compte rendu, Moussa Diop
info source www.cridem.org
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