Aidez-moi à comprendre…

Je suis un citoyen…j’espère comme les autres, avec son histoire, ses convictions et ses espoirs. Mes convictions sont celles de beaucoup d’autres qui s’efforcent de croire que quelque chose peut changer dans ce pays ou que quelque chose doit changer afin que la loi soit la même pour tous et que nul ne soit assez puissant pour imposer aux autres l’idée qu’il se fait de la Mauritanie .

Mais mes convictions se heurtent à mon histoire. Une histoire qui débute il y a un peu plus d’une année, en janvier de l’année dernière. Un voisin, riche commerçant me signifie plus de deux mois après le décès de mon père que la maison familiale située au cœur du marché central de Nouadhibou, est sa propriété car il l’a acheté il y a plus de quinze ans en 1999 d’un autre qui lui, l’aurait achetée en 1994 et qu’il y avait laissé mon père comme locataire.

L’affaire passe devant les tribunaux. Un an d’attente puis une première audience. Les deux parties sont entendues. Le dossier est en délibéré pour le 23 Février 2010

Et c’est là que s’arrête ma compréhension des choses. Le 23 Février jour de l’audience une affiche au mur m’apprend que le délibéré est reporté au 4 Mars. Le 03 au matin le commerçant accompagne un garde pour me remettre la convocation à l’audience. Quelque chose a changé. Je mets cela sur le compte d’une maladresse administrative.

Mais je ne peux m’empêcher de me demander si vraiment quelque chose a changé dans ce pays. Je vais à l’audience avec le reste de ma famille .le verdict est attendu à 10 h .Il est 13h. On s’impatiente puis c’est l’ouverture .Affaire No1 : c’est nous, pour l’heure de vérité ! Curieusement le dossier est relancé car une lettre venant de la wilaya et datée du 3Mars et qui confirme sur la base d’une lettre du service des Domaines datée elle du 4 Mars que le commerçant est le propriétaire de la maison !

Deux lettres, une de la wilaya et une des Domaines arrachées de justesse par je ne sais quelle magie pendant que nous nous patientons sous l’ombre de la salle d’audience l’arrivée du juge. Celle de la wilaya devait confirmer sur la base de l’attestation des domaines. Sauf que la wilaya date sa lettre le 03Mars alors que celle des domaines est du 04 Mars. Là je me suis demandé si vraiment quelque chose peut changer dans ce pays !

Mes convictions vacillent et je me renvoie l’image de la fragilité de ceux qui n’ont pas l’administration avec eux et du peu de cas que certains, toujours se font du Droit et de la légalité. Je me suis reproché d’y avoir pensé mais comment ne pas y penser quand : Un homme prétend avoir acheté une maison en plein marché sans savoir où elle se trouve, à quoi elle ressemble et ce pendant 15ans !

Comment ne pas y penser quand on dit avoir laissé quelqu’un en location sans contrat de bail avec comme seul justificatif des reçus écrits et signés par vous même sans que le supposé locataire n’y appose la moindre marque. Comment ne pas y penser quand vous venez pour un verdict et qu’on vous sorte deux lettres fraîchement signées mais semble t-il dans la …précipitation Comment ne pas y penser quand avec témoins vous êtes allés plusieurs fois vérifier de visu le registre des domaines pour avoir le cœur net sans constater aucun autre enregistrement.

Et qu’après le même service vous sorte une lettre infirmant tout ! Comment ne pas y penser quand de 1969 à 2009 les impôts sont toujours venus invariablement au nom du défunt propriétaire et sont payés avec quitus par ce dernier. Comment et comment ….


Aidez moi à comprendre… Aidez moi à mettre un nom sur ces pratiques car je veux continuer à croire que tout a changé et que tout doit changer. C’est là l’espoir de tous ceux qui, chez eux encore continuent de subir l’implacable loi de la justice des plus forts …

Ibrahima falilou