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9.6.09

LES NOUVEAUX RICHES EN MAURITANIE

Jadis, dans nos sociétés féodales, fils de grande famille (guerriers, marabouts), paysans, individus « castés », esclaves, se distinguaient les uns des autres uniquement par leur naissance. Le seul mérite des nobles, était d’être « bien nés » c'est-à-dire de voir le jour dans une belle maison, de parents jouissant de nombreux privilèges politiques et économiques. Ils étaient néanmoins reconnus, acceptés et respectés par les autres groupes sociaux.
La structure sociale reposait essentiellement sur les rapports de production entre ceux qui possédaient les terres (les seigneurs) et ceux qui y travaillaient qu’ils soient hommes libres ou bien esclaves. Un code de bonne conduite, inspiré et entretenu par la religion, contribuait à instaurer une certaine cohésion au sein de la communauté aux cloisonnements hermétiques.
A notre époque, même si dans certaines familles les vestiges de ces traits féodaux subsistent, c’est incontestablement l’argent roi qui « régente » dorénavant les relations entre les hommes et qui donne droit à tous les privilèges. Peu importe comment il a été acquis et quelle est l’origine sociale de celui qui le détient. L’important est tout simplement d’en posséder, d’en exhiber le maximum à tout propos, en vue d’impressionner le plus de monde possible et de gravir de la manière la plus spectaculaire toutes les marches de la réussite sociale.
Tous nous courbons plus ou mois l’échine devant les seigneurs de notre époque qui nous regardent dédaigneusement du haut de leurs 4x4 neuves, portent des habits dont le prix moyen équivaut au salaire net mensuel d’un professeur de lycée, possèdent plusieurs villas ou résidences plus cossues les unes que les autres et plusieurs comptes en banque plus garnis les uns que les autres, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pourtant classé parmi les plus pauvres de la planète. Le plus curieux c’est que personne ne songe à s’interroger sur l’apparition soudaine de certaines fortunes colossales comme si la béatitude et la fascination devant l’étalage de tant d’argent paralysaient tout esprit critique et rendaient tout le monde stupide. Comment expliquer qu’un simple fonctionnaire, un petit commerçant ou encore un chômeur, se paye, du jour au lendemain, une demeure luxueuse de plusieurs millions d’ouguiyas et collectionne autant de belles voitures que de belles femmes sans que cela ne fasse sourciller personne ? Au lieu de tourner le dos à ce sinistre personnage, à défaut de le traduire en justice pour enrichissement certainement illicite, puisqu’il n’a hérité ni d’une grosse fortune ni gagné au loto, on se met à jouer à qui entrera le premier dans ses grâces en ne tarissant pas d’éloges sur sa bonne étoile ou en lui débitant d’autres bonnes et grosses salades sur ses mérites et ses bienfaits.
Entre les coupables d’abus de pouvoir et de biens sociaux au plus haut niveau, de trafics de tout genre (influence, drogue, armes, voitures, alcool, cigarettes, devises, médicaments, êtres humains…), de corruption, et les corrompus, il n’existe que très peu d’espace dans notre pays pour ceux qui gagnent honnêtement leur vie. Malheureusement ces derniers non seulement ne jouissent d’aucune considération de la part de leurs concitoyens mais seraient mêmes perçus comme des cas de conscience qui dérangent.
Car, aujourd’hui tout est monnayable et négociable au prix fort, il suffit d’en posséder les moyens. La virginité de la pauvre fille de 14 ans qui ne demandait qu’à poursuivre ses études, la voix de l’électeur au bout du rouleau et désabusé qui se contente du prix d’un sac de riz pour soutenir un candidat, le silence et même la complicité de ceux qui sont chargés de défendre et de faire respecter la loi ; les faux diplômes, les fausses factures, les faux témoignages, les vrais faux passeports, les fausses pièces d’état-civil (naissances, décès, mariages, divorces), les faux billets de banque, les fausses candidatures aux élections, les fausses cartes grises, les faux procès et … la vraie impunité.
Tout se vend, tout s’achète.



La société de consommation dans laquelle nous sommes entrés de plein pied sans discernement (réfrigérateurs, congélateurs, voitures de luxe, téléviseurs, paraboles, lecteurs de DVD, Jeux Vidéo, ordinateurs, téléphones portables, Internet, etc.) la crise économique mondiale, les échecs scolaires, la démission des parents, les maigres salaires, la dégringolade de l’ouguiya, expliquent en partie cette course effrénée à l’argent facile qui est en train de gangrener notre jeunesse. Les filles s’adonnent au plus vieux métier du monde en plein jour sous le regard complaisant voire bienveillant des parents et les garçons s’exerçent à toute forme de délinquance ou de trafic pourvu que ça rapporte gros, vite et sans effort.
Les valeurs morales d’antan telles que l’honneur, la dignité, la vérité, l’amitié, l’altruisme, la fidélité à la parole donnée la compassion ont cédé la place à la cupidité, la félonie, l’égocentrisme, le mensonge, la bassesse, la cruauté, l’indifférence, la duplicité.

Toutes les activités auxquelles se livrent ces nouveaux riches, qui se prennent pour le nombril du monde, reposent sur du faux. Elles n’ont aucun impact sur le développement économique et social du pays, bien au contraire, certains abus ont mis à genoux de nombreuses sociétés nationales, et elles accentuent de surcroît la perversion de notre jeunesse.
Le futur président de la république devrait s’engager à mener une lutte sans merci contre ces nouveaux faux seigneurs qui ne méritent ni respect ni indulgence, qui font honte à notre pays et, au final, ne représentent rien d’autre que du toc !

Issa Mamadou DIOP
Conseiller Municipal
Nouadhibou

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