Il est des hommes qui marquent perdurablement leur époque et dont l’aura illumine de toute sa splendeur le ciel brumeux et ombragé du quotidien de leurs semblables.
Rarement homme aura fait l’unanimité autour de lui, de par sa simplicité légendaire, sa modestie paisible, sa générosité sans limite, son sens élevé des relations humaines et surtout sa grandeur d’âme, de cette grandeur d’âme que nous apprend la saga foutanquaise, qui va jusqu’à l’ultime sacrifice de soi pour préserver l’honneur et la réputation.
Si j’en avais le courage, je dirai que nous avons perdu l’un des derniers de ces rares spécimens.
Sa mort, un peu comme sa vie fut à la fois et paisible et éloquente :
Par un lundi 12 janvier 2009, son absence inhabituel à la prière de l’aube à la mosquée fut remarquée et plus encore à l’étalage de son fidèle ami Moussa LAM qui, intrigué, se rendit à son domicile ; EL HADJ fut trouvé sur son banc, tenant de sa main la bouilloire à ablution qu’il fut difficile de lui enlever.
De sa maison à l’hôpital le peu qu’il put dire présageait de la suite :
Les 2 jours qu’il fit à l’hôpital espagnol furent mêlés d’inquiétude et d’espoir pour ses nombreux amis et proches et l’hôpital connut une affluence inhabituelle de visiteurs de tout bord, de tout age , de toute race et catégorie.
Au troisième jour, la nouvelle fatidique tombât, EL HADJ n’était plus :
- Désarroi, complainte, tristesse et affluence monstre aussitôt noyés par la révérencielle crainte de celui dont la décision ne peut souffrir d’aucune contradiction et l’impérieuse nécessité de faire face à cette nouvelle réalité.
Concertations, conciliabules,chuchotement, murmures, il fallait impérativement qu’il soit inhumé à Bababé mais la considération, l’amour et le respect dont jouissait El hadj à Nouadhibou est tellement énorme que c’était pas facile décision.
Mais à situation d’exception, homme d’exception : Thierno Ndiaye BARO, l’imam des foutankés, ami et confident d’El hadj, qui dirigea la prière mortuaire facilita la situation car tout fut remis entre ses mains et il autorisa le rapatriement d’El Hadj.
Tout ce qui fut entrepris fut réussi avec facilité, à l’image de la personne,on en était à faire le choix entre le genre et nombre de voitures à amener, le trajet se déroula sans incident et l’accueil et l’inhumation à Bababé furent à la hauteur du personnage : tout Bababé et environs et au-delà, amis et connaissances et anciens et jeunes et retraités et handicapés et aveugles, marée humaine : à se demander comment un homme peut susciter une telle passion et un tel respect et surtout un dévouement au-delà de toute limite :, aucun sacrifice, aucune action, aucune générosité ou largesse, aucune attention n’était ni assez grande, ni assez digne d’El hadj : Sépulcre en dédalle, Lecture et relecture du saint coran , Douaa , témoignages, témoignages, …
Retour à Nouadhibou avec le sentiment d’avoir tenté de remplir un devoir, mais aussi celui d’avoir perdu quelque chose de grand tout en remerciant le plus grand de nous avoir gratifié de ce grand dans notre vie.
Direction domicile de Thierno Ndiaye BARO pour lui transmettre les salutations, les remerciements et l’éternelle reconnaissance des gens de Bababé à son égard : Nouvelle cérémonie de vœux, de souhaits et de témoignages.
Rendez-vous fut pris pour le 23 janvier pour une cérémonie religieuse en sa faveur, l’ultime adieu des nouadhibois à El hadj, dirigée par son second de toujours Thierno Aliou BAL et encore par son ami et confident, l’honorable Thierno Ndiaye BARO.
Relecture du saint coran, séance de douas et de voeux, témoignages divers :
Cérémonie solennelle, haute et riche en symbole ou planait l’aura de l’illustre disparu.
Parmi tous les témoignages nous retiendrons ceux-ci :
Nous avons perdu un homme de foi et un tijaniyanke convaincu>.
Si quelqu’un se montrait extrêmement gentil et généreux, on le comparait à El hadj ou à feu Thierno Ndiaye BA (DA).
El hadj était plein de compassion à l’égard de tous sauf à l’égard de lui-même, il ne se ménageait jamais>.
Sa discrétion était si grande et si totale que s’il apercevait le premier un de ses débiteurs, il changeait aussitôt de route pour éviter de l’indisposer.
Sa générosité était si grande qu’elle ne se limitait ni à ses parents, ni à ses amis et proches, elle englobait toutes ses connaissances et tous ceux qui le sollicitaient>.
-
Ces quelques témoignages résument la vie d’El hadj : pieux, réservé, généreux, sociable à l’excès, pacifique, modéré, pondéré…
Il nous agrée de rendre hommage et de remercier ici :
- Thierno Ndiaye BARO, que nous n’aurions souhaité déplacé pour aucun motif mais les circonstances ont fait que lui seul pouvait jouer le rôle qu’il a joué et il l’a fait avec cette foi et cette ferveur qui anime les grands hommes.
- Tous les foutankés car :
- là ou nous sommes allé, ce fut avec eux
- tout ce que nous devrions faire, ils l’ont fait à notre place
- tout ce qui nous a manqué, ils l’ont mis à notre disposition
-Ils nous ont accompagné dans toutes les étapes.
- Thierno Aliou BAL, le second et successeur d’El hadj, car il l’a secondé durant toute sa vie et accompli dignement cette mission dans le respect, le calme et la sérénité et la nécessaire complicité, complémentarité et ouverture d’esprit qui caractérise les grands hommes.
Enfin nos condoléances aux fils de l’illustre disparu et particulièrement à nos compagnons de route, Ibrahima et Souleymane, qu’ils reçoivent ici l’expression de notre reconnaissance éternelle pour celui qui aura illuminé notre ciel et qui a inspiré notre action pour retrouver la voie de l’unité, de l’humilité, de la dignité et du progrès.
Et surtout nos excuses à tous, s’il y’eut faille, manquement ou oubli tellement il est difficile de garder tout son sang froid dans pareille circonstances.
El hadj le pieux, bon et généreux tu fus, et bon et généreux sont des attributs divins, Il ne les prête qu’a ceux qu’il a choisi, repose dans la paix éternelle de ceux que Dieu a comblés et à qui Il a donné le privilège d’avoir vécu une exemplaire vie sociale et religieuse bien remplies, au service de l’humanité et de leurs prochains.
Amine
Pour Fedde Pinal Sukaabe Looti Abdoulaye Boubou BAL.
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